Hérissé de courants, de vagues et d’écharpes d’écumes, le raz de sein est le formidable théâtre de la lutte que se livrent le bar et ceux qui le traquent au péril de leur vie, les ligneurs. J’ai eu la chance d’embarquer avec Olivier Mevel, un de ces marins de l’extrême. Un reportage où il fallait s’accrocher, car ça remue sévèrement! Les ligneurs sont une vrai légende: généralement seuls, armés de petits bateaux de 7 à 9 mètres, ils traquent principalement le bar dans le raz de sein, au cœur des courants, dans les zones les plus dangereuses. Seuls les ligneurs pêchent le bar à l’aide d’une canne et d’un hameçon, cette technique artisanale permet de ne capturer que des poissons en activité alimentaire, de préserver le milieu et de remettre les poissons non commercialisables et encore viable à l’eau. Le poisson pêché à la ligne se vend aussi bien mieux.
Soucieux d’assurer la survie de la ressource et de leur activité, ces professionnels souhaitent que la pêche soit fermée pendant la reproduction des poissons en février-mars, période où les bars se rassemblent et sont très vulnérables. Les ligneurs de la pointe Bretagne ont aussi lancé une pétition en ligne, pour que soit suspendue la vente de bar sauvage à ce moment-là.
Ce reportage a été possible grâce à Olivier Mével, qui a accepté de m’embarquer, non sans m’avoir demandé si j’étais sujet au mal de mer. En fait je ne savais pas si je serais malade. Je ne savais pas non plus si je serais capable de faire des images quand nous serions chahutés. Lorsque le bateau entre dans la zone de turbulence et que Olivier me lance « Accroche-toi bien ça va remuer. », je m’accroche du mieux que je peux en essayant de saisir quelques images. La notion d’horizon n’a plus beaucoup de sens, il faut garder une main libre pour se tenir. Le spectacle st magnifique il y a quelque chose de grisant à escalader puis entamer la descente sur ces murs liquides.